République démocratique du Congo
Depuis cinq ans, ses partisans le désignent comme "le président élu", pour bien rappeler que c'est lui, Martin Fayulu, 67 ans, qui aurait dû remporter la présidentielle de décembre 2018, et non Félix Tshisekedi, officiellement déclaré vainqueur.
Affirmant encore une fois sa conviction que les dés seraient pipés à l'élection du 20 décembre prochain, il a un temps entretenu le suspense sur sa candidature, qu'il a finalement confirmée le 30 septembre, avant de se lancer en campagne.
"En l'absence d'un fichier électoral fiable, audité par un organisme indépendant, nous ne déposerons pas nos dossiers de candidature", affirma-t-il pourtant en juillet, ce qui a conduit ses supporters et lieutenants à ne pas se présenter aux élections législatives, provinciales et locales concomitantes à la présidentielle.
Selon lui, sur 43,9 millions d'électeurs, il y en aurait "10 millions de fictifs". "Cette fois-ci, ça ne passera pas (...), nous devons nous mobiliser pour empêcher que la parodie électorale en préparation ne se réalise", ajoutait-il.
Martin Fayulu reste populaire, mais ses "tergiversations" et son "attitude égoïste" lui ont sans doute fait perdre des points auprès des Congolais, selon des analystes politiques.
En 2018, Martin Fayulu, ex-cadre dirigeant de la major pétrolière ExxonMobil, apparaissait comme un outsider, opposant parmi d'autres au chef de l’État d'alors Joseph Kabila. Même s'il s'était fait remarquer par son courage physique lors des manifestations meurtrières de septembre 2016, où il avait été blessé à la tête, et les contestations d'octobre 2017, quand il avait été arrêté.
Mais un mois et demi avant la présidentielle, le leader du parti Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), membre de la coalition Lamuka, en était devenu un pivot, avec la signature à Genève d'un accord entre plusieurs opposants qui en faisaient leur candidat.
- "Hold-up électoral" -
A l'élection de 2018, il avait parmi ses adversaires le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, et celui de la formation historique d'opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Félix Tshisekedi.
Ce dernier sera proclamé vainqueur (avec 38,5% des voix), Martin Fayulu arrivant en 2e position (34,8%) et Emmanuel Ramazani en 3e (23%).
Martin Fayulu affirmait l'avoir emporté avec 61% des voix et criait au "putsch électoral" ourdi par Joseph Kabila en complicité avec Félix Tshisekedi. Le ministre français des Affaires étrangères de l'époque, Jean-Yves Le Drian, parlait d'un "compromis à l'africaine".
Félix Tshisekedi dément, contestant tout "arrangement frauduleux" avec son prédécesseur.
Dans un message vidéo "à la nation", Martin Fayulu parlait encore en septembre dernier de cet épisode comme du "plus grand hold-up électoral africain du siècle".
Né le 21 novembre 1956 à Kinshasa, qui s'appelait encore Léopoldville, Martin Fayulu, marié et père de trois enfants, a fait des études d'économie en France et aux États-Unis.
A l'Institut supérieur de gestion de Paris, raconte-t-il lui-même, le "petit Congolais", qui avait passé son bac au pays, faisait partie d'une vingtaine d'étudiants admis en deuxième année parmi 2.000 au départ.
Il a rejoint ExxonMobil dans les années 80 et y a terminé sa carrière une vingtaine d'années plus tard comme directeur général en Ethiopie. A Kinshasa, il est propriétaire d'un petit hôtel où se tiennent aussi bien des fêtes de mariage que les rendez-vous, réunions et conférences de presse de l'opposant.
Il est entré en politique au début des années 1990 et a été élu pour la première fois député en 2006.
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